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Comme un breuvage enivrant qui année après année se bonifierait, le rock de Rival Sons n’en finit plus, depuis quinze ans, de nous donner quelques raisons d’espérer en un avenir radieux pour cette musique viscérale qui nous procure tant de frissons magnifiques. Car c’est pierre après pierre que ces californiens ont bâti un temple heavy rock qui résonne, quand vient le temps d’un album, comme la promesse d’un délicat mélange entre fureur et douceur, exigence et audace, ambition et envolées magistrales. La recette est pourtant à chaque fois, peu ou prou, la même, à savoir des guitares slide qui taillent dans le vif, une rythmique puissante, un orgue hors du temps, une voix qui donne envie de se siffler cul sec une bouteille de bourbon, des riffs qui explosent en tête dès la première écoute, et, surtout, une sorte de vagabondage musical, entre rock, blues, folk, glam, surf rock et soul, qui donne à l’ensemble une paradoxale ampleur, rare ces derniers temps. Entre puissance, efficacité et émotion, Rival Sons a décidé une bonne fois pour toutes de ne pas choisir, nous offrant, à l’image de son diptyque «Darkfighter» et «Lightbringer» sorti l’an dernier, une musique d’une modernité folle tout en ayant un pied, voire les deux, dans un glorieux passé. Ici, rien n’est jamais tout blanc ou tout noir, loin de là et dans ce monde miroir du nôtre, la noirceur se frotte à l’optimisme, la face sombre à la lumière, la délicatesse à la brutalité, l’intimiste aux grosses ambiances stadesques. Toujours cette question de choix qu’il convient de ne pas faire tant nous ne sommes, finalement, pas fait d’un seul bloc, tant nous n’avons pas une seule et unique vision de la vie, du monde qui nous entoure et des aléas que nous rencontrons. Et cela se ressent jusqu’à la scène où, entre hymnes destinés à faire chavirer les foules et titres plus smoothy, Jay Buchanan, magnétique et envoûtant frontman doublé d’un excellent guitariste rythmique, s’amuse avec nos perceptions et nos attentes, pour nous emmener, avec ses camarades, sur des chemins tout sauf balisés, prêchant pour une paroisse rock ayant de moins en moins de limites et dont les adeptes se comptent, album après album, de plus en plus nombreux. Foisonnante, énergisante, riche, surprenante, la musique de Rival Sons ne cherche pas l’esbroufe, la surenchère, bien au contraire, elle va à l’essentiel, à l’os, là où tout n’est que pureté et sincérité. On se demande, parfois, qui peut aujourd’hui revendiquer l’héritage des grands anciens que sont Led Zeppelin, Deep Purple ou bien The Animals. En se mettant dans leurs pas sans jamais les singer, le quatuor angelinos est sans conteste l’un des meilleurs prétendants au titre et nous en aurons la confirmation cet été à GES.