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De prime abord et avec tous les a priori que l’on peut avoir en tête, avec sa barbe longue comme un jour sans Jack Daniels, sa salopette en jean, son marcel d’un autre temps, ses tatouages de camionneur et son éternelle casquette hors d’âge vissée sur le crâne, on pourrait croire l’homme tout droit échappé d’une scène de «Délivrance», le mythique film de John Boorman. Pourtant, il suffit de se poser quelques secondes devant la musique de Seasick Steve pour comprendre que rien n’est plus faux que cette première impression. Ancien producteur de groupes alternatifs dans la région de Seattle, hobo débarqué un beau jour en Europe avec dix dollars en poche, ayant connu les nuits sans sommeil sous les ponts, les longues journées à jouer dans le métro ou à tracer la route au volant d’un camion hors d’âge, les descentes de police et l’alcool en trop grande quantité, Seasick Steve est de ceux qui deviennent magicien lorsqu’ils s’emparent d’une guitare, de ces artistes semblant prêts à trébucher et disparaître dans les limbes de l’histoire du rock et qui, pourtant, année après année, sont toujours présents et nous enchantent, en toute simplicité, à grand renfort de concerts époustouflants, aussi bien dans des petits lieux que dans les mythiques Wembley Arena ou Royal Albert Hall, et de disques envoûtants, dont il a, excusez du peu, déjà écoulé plus de deux millions d’exemplaires ! Estampillé bluesman, c’est pourtant du côté de la folk, de la country, du boogie et du rock qu’il faut aller chercher ses morceaux. Accompagné d’un batteur et de sa seule guitare, souvent bricolée par ses soins, le “vieux” redneck se mue alors en sorcier vaudou capable de remplir d’un coup d’un seul tout l’espace avec sa musique, en shaman nous invitant à un voyage qui en laissera plus d’un sur les genoux. Showman accompli, il sait mieux que quiconque ensorceler les salles et les festivals, faisant chavirer les corps à grands coups de riffs étourdissants avant de transporter tout le monde au cœur de l’émotion en trois accords déchirants. Loin de l’écume des jours qui laisse parfois un goût amer dans le cœur, Seasick Steve touche à l’essence même d’une musique magnétique, de celles qui racontent des histoires d’hommes, de drames de vies décousues et d’avenirs incertains, le tout avec cet arrière goût de bourbon qui rend les choses encore plus intenses... ou floues. Posez-vous devant ce hobo flamboyant, à n’en pas douter il va vous donner une furieuse envie de partir immédiatement en virée dans le sud des Etats-Unis en chevauchant une Harley...