Dans la nuit des temps, ou presque, lorsque l’on ne parlait pas encore vraiment de hard-rock, de métal ou autres sonorités électriques de ce type, une petite bande d’anglais écumant les pubs, non pour s’abreuver plus que de raison avec moult pintes de houblon, mais bien pour donner à leurs contemporains de quoi s’évader un peu, s’est dit qu’il était plus que temps de cesser d’être des spectres du rock et, enfin, commencer à construire un univers pouvant parler au plus grand nombre. Délaissant les mélodies doucement pop de leurs débuts, Francis Rossi, Alan Lancaster et leurs complices, réunis sous le nom de Status Quo, renversent alors leur propre table pour, enfin, mettre leur musique en accord avec leurs aspirations profondes, leur manière de vivre. Un peu plus de cinquante ans plus tard, force est de constater que le choix fut judicieux tant le groupe s’est inscrit, peu à peu, dans la légende du rock britannique, voire mondial. Fidèle à son heavy boogie mâtiné de hard-rock élégant, de blues sachant cogner et de pop discrète, Status Quo n’a jamais véritablement changé de route, alignant les concerts autour du monde (près de 6000 à ce jour) et les albums (34 au compteur et plus de 130 millions d’exemplaires vendus), pour forger, année après année, ce mythe discret qui fait, qu’aujourd’hui, on connaît leurs hits, de «In the army now» à «Rockin all over the world» en passant par «Whatever you want», «What you're proposing» ou «Pictures of matchstick men», partout dans le monde. Il faut dire qu’avec ses riffs épais et entêtants, sa rythmique en béton armé ne cherchant - et la trouvant ! - que l’efficacité, ses titres que l’on retient souvent dès la première écoute, la proposition des boogie boys est de celles qui mettent de jolies étoiles dans les yeux, qui donnent envie, pour quelques instants, de poser les armes et regarder la course effrénée du monde depuis la rive. Désormais seul membre originel du groupe, Francis Rossi continue, en compagnie de Richie Malone (guitare rythmique), Andy Bown (claviers, harmonica, guitare), John ”Rhino” Edwards (basse, guitare) et Leon Cave (batterie, chœurs), à porter haut et fort le drapeau de ce rock musclé et racé qui survit à toutes les modes, à toutes les tentatives de normalisation, continuant ainsi, si besoin était, à faire de Status Quo l’un des derniers monuments en activité du rock. Alors, dans la nuit qui délicatement recouvrira Guitare en Scène, nous entrerons le cœur léger et le sourire aux lèvres dans l’armée électrique menée par le quintet anglais et, avec lui, irons porter la bonne parole de cette musique universelle !