Parfois, certains continents ont beau être immenses, ils sont trop petits pour contenir le talent à l’état brut. Et c’est tant mieux car cela permet au monde entier de profiter d’instants magiques qui parlent autant au corps qu’à l’esprit. Ainsi en est-il de l’univers de Xavier Rudd, né à quelques pas de Melbourne en Australie, qui, en douceur, nous reconnecte avec les sons primitifs, avec cette vibration naturelle que l’on a trop tendance à laisser de côté dans nos vies effrénées. Car sa musique est à l’image de ce continent hors norme, impressionnante, façonnée par les grands espaces et la force qui s’en dégage, peuplée de sons tour à tour ancestraux ou modernes, riche de ses racines et de son ouverture sur le monde. Dans ce quotidien devenu fou, il nous propose des parenthèses de respiration, où la folk se fait délicate pour nous couper, quelques instants, de la réalité, et nous permettre, ainsi de nous reconnecter en douceur avec nous mêmes. Loin de la frénésie superficielle d’une société devenue trop souvent folle, Xavier Rudd semble nous inviter à nous asseoir en sa compagnie autour d’un feu de camp, et, accompagné au gré de ses envies de sa guitare, steel ou non, de percussions, d’un harmonica ou d’un didgeridoo, de partager sa vision d’une existence en harmonie avec la nature et les autres. One-man-band de génie, il se sert de sa capacité à jouer d’à peu près tous les instruments qui lui tombent sous la main pour nous emporter dans sa course, parfois fougueuse, parfois plus sage, vers un horizon plus humain, plus en lien avec la terre, avec la nature. Qu’il parcoure, ainsi, le monde pour envoûter les publics avec sa musique à multiples niveaux d’écoute, ou qu’il se pose le long d’une plage en guettant la vague parfaite qui lui procurera l’intense plaisir du surf, il cultive en permanence ce lien avec cette tradition australienne qui jamais n’oublie l’importance de toujours rêver, de ne jamais s’arrêter aux limites de sa perception. Son dixième album, «Jan Juc Moon», ne dit rien d’autre que cela, nous invitant, après des années particulièrement dures pour tout le monde, à émerger des nuages sombres qui se sont accumulés au-dessus des têtes pour lâcher prise, rêver, bouger et enfin oublier le poids du monde. Vaste programme, certes, mais rien d’impossible quand on a comme arme une musique universelle, fédératrice, qui donne tout autant envie de parcourir le monde que de communier avec la nature qui nous entoure. Cela ne fait aucun doute, pour nous, que la magie opérera cet été dans le paisible cocon de Guitare en Scène et verra ses rêves folk déferler sur nous pour nous entourer d’une magnifique vibration !