Lorsque Corneille déclara, il y a fort longtemps, qu’aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années, il ne se doutait pas un seul instant que quatre siècles plus tard, sa formule s’appliquerait à la lettre à un jeune, très jeune, bluesman anglais du nom de Toby Lee. Véritable petit prince de la six cordes, c’est en effet à quatre ans à peine qu’il se saisit d’un yukulele, pour la petite histoire jaune et vert, et commence à en tirer quelques sons harmonieux. La suite n’est que logique pour le jeune prodige avec, parce qu’il en faut bien dans les jolies histoires, une petite aide du hasard, celui qui met sur sa route, au détour d’un séjour à l’hôtel et alors qu’il n’a que huit ans, Mick Box, le guitariste et fondateur d’Uriah Heep. De cette rencontre improbable et magique entre un musicien de légende et un petit garçon venant tout juste de recevoir sa première guitare, est née la certitude pour lui, l’évidence même, que son chemin ne pouvait être rythmé que par le blues et le rock, que les riffs qu’il ne manquerait d’imaginer se caleraient tendrement dans les pas de ceux de Jimi Hendrix, Stevie Ray Vaughan, Gary Moore, Eric Clapton ou bien encore BB King. Autant d’artistes mythiques qui seront pour lui des repères, des modèles à suivre et, qui sait, à dépasser. Comme pour tant d’autres, pourtant dotés d’un beau talent, la belle histoire aurait pu doucement s’évanouir dans les limbes de la musique. Oui mais voilà, Toby Lee a une bonne étoile au-dessus de la tête et au détour d’une vidéo postée sur Youtube, comme tout ado de son âge le fait ou presque, c’est au tour du maître international du genre, Joe Bonamassa, de flasher sur son jeu et le proclamer “future superstar du blues”. D’aucuns se seraient enflammés face à cette déclaration mais pas Toby qui, du haut de ses dix-sept ans, garde la tête froide et continue en toute simplicité à monter sur la scène, entre clubs, salles intimistes et grands festivals, pour porter la bonne parole d’un blues qui sait prendre son temps, d’un rock old school se parant, ici ou là, de rythmes planants pour mieux nous faire voyager. Avec l’assurance de celui qui maîtrise sur le bout des doigts son instrument et l’insouciance de la jeunesse, Toby Lee est parvenu en quelques années, trois albums et des collaborations avec son idole Bonamassa, pour un concert mémorable au Royal Albert Hall, ou Peter Frampton, à casser l’image du bluesman en lui apportant une note de fraîcheur et de virtuosité décomplexée. Il était donc tout à fait logique que la route qui le mène vers les sommets passe un jour par Guitare en Scène, l’un des rares festivals où valeurs sûres et étoiles montantes brillent de la même façon !